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Munich, le 12 avril 2007
Salut les amis, c’est Claire-Estelle-petit chat rouge!
Comme vous le savez, depuis la fin de l’année
dernière, je ne suis plus Claire-Estelle, mais un petit chat. Il y a eu quelques semaines apportant de la variété et j’étais alors tour à tour une grande souris, un petit mouton (à ne pas confondre avec un agneau), un
lapereau, et même un champignon (dans ce cas, c’est facile à reconnaître, je me promène avec un oreiller ou quelque chose de volumineux sur la tête). La valeur sûre étant quand même toujours le petit chat (rouge). Le
soir quand on vient me chercher à l’école, si je suis de mauvaise humeur, c’est qu’il y a une raison bien fondée, mon maître ou ma maîtresse m’a appelé avec le mauvais déterminant. Je me plains à maman,
et c’est sûr, le lendemain, en arrivant, alors que je serai encore bien protégée dans les bras de maman, je gronderai mon maître/ma maîtresse en lui répétant quel animal je suis et comment il faut m’appeler pour la
journée. Maintenant, je crois que tout le personnel encadrant de l’école est au courant : le matin en m’emmenant, maman explique ce que je suis et les journées à l’école se déroulent sans
problème.
Chouette, c’est le temps de carnaval ! Nous avons le droit de nous déguiser pour aller à l’école. Le lundi, je m’habille normalement et enfile par dessus ma robe de chambre rose. Je suis
mAAAgnifique ! Maman n’a pas l’air très convaincue mais pour raison de carnaval, elle accepte quand même que je prenne place à coté de princesse Anne-Amalia dans le carrosse qui nous mène à l’école. Le
soir, comme je suis pile dans ma phase « mouton », maman m’offre un déguisement approprié qu’elle vient juste de coudre pour moi. A peine déguisée, mon état de mouton étant officiellement reconnu, je fonce sur la
salière pour la lécher : « Les moutons, ils aiment bien le sel ! ». Je vais ensuite me promener pour aller faire un coucou aux vrais moutons du champ d’à coté. Le lendemain, mardi-gras, mon déguisement de mouton
fait grand effet à l’école.
Quelques jours plus tard, je redeviens un chat. Je marche à 4 pattes sauf pour descendre les escaliers (c’est quand même un peu dangereux) et sauf dehors (c’est sale et ça
fait mal aux pattes avant). En général, j’ai bon appétit, mais si je viens juste de m’empiffrer de gâteaux dans la voiture de papa qui me ramenait de l’école, ou bien si Anne-Amalia vient de décréter
qu’elle ne voulait pas manger, et par mimétisme, je m’inscris à cette fronde, il peut être difficile de me faire avaler quelque chose. Maman a pourtant trouvé la parade : « Claire-Estelle, vient manger, regarde,
dans ton assiette il y a de la nourriture pour chat », ou bien: « Petit chat, vient manger des souris ». Et voici que j’accours. Je mange la viande, refuse le riz et les légumes car les chats n’aiment pas ça. Maman
m’explique que les souris que je viens de manger ont faim dans mon ventre et qu’il faut maintenant que je mange des légumes pour les nourrir, alors je me laisse convaincre et finis bravement toute mon
assiette. Quand il faut s’habiller le matin, j’exige des vêtements rouges puisque je suis un chat rouge. Dans la mesure où ils sont présents dans mon placard et que leur épaisseur est en relation avec la météo,
maman est d’accord. Quand nous allons à la bibliothèque, si je dis « Miaou » poliment en entrant et de même en partant au lieu de « Hallo » et « Tchüss », maman accepte que je sois un chat publique. Par contre, quand
je me mets à laper le lait dans mon bol le matin, maman ne veut plus jouer.
Chouette, il neige ! J’adore la neige : la neige bien blanche à déguster dans le jardin, la neige bien noire sur la route, à attraper en
cachette puis à recracher, maman a quand même raison, elle n’est pas bonne, mais j’en reprends quand même pour m’en assurer, puis la crache de nouveau.
Aujourd’hui, nous allons faire du ski en
famille. Anne-Amalia monte et descends toute seule et moi, je la suis entre les jambes de maman ou de papa. Elle en a vite marre et préfère aller au terrain de jeu attenant aux pistes. J’aime bien skier et prie maman de
continuer, mais en fait, j’invente une nouvelle technique : je me penche et laisse au gré de la descente, ma main se remplir de neige, que je peux déguster à l’arrivée.
Cette semaine, Anne-Amalia fait un
cours de ski. Tous les matins, elle part dans un grand car avec plusieurs enfants et rentre le soir en racontant qu’elle a fait des pistes rouges. Je suis assez jalouse de devoir aller pendant ce temps à l’école, de
ne pas pouvoir skier, et surtout, le comble c’est que je n’ai pas de piste rouge ! Le rouge est quand même la couleur qui m’est réservée, non ? Bon, puisque c’est ça, en rentrant à la maison, je prends
mes patinettes et skie sur le tapis rouge du salon, c’est très chouette aussi !
Rouge, gouge, rouge…. Pour ceux qui n’ont pas encore compris que c’est ma couleur, je m’empresse de leur faire
savoir. Du coup, quand papa et maman achètent quelque chose, ils essaient dans la mesure du possible de me faire plaisir, que ce soit un vêtement pour moi, la nouvelle nappe de la salle à manger, le manche de la pelle à neige
ou les draps dans la chambre d’amis, c’est moi qui mets la couleur ! Du coup, Anne-Amalia s’est dit que elle aussi, elle devait avoir une couleur préférée, et a choisi le jaune parce que c’est « la
couleur de l’or qui brille ! ». Elle choisi aussi le rose car beaucoup de jouets et vêtements de fille en sa possession sont roses. J’attribue sans lui demander une couleur préférée à papa : le bleu (avec en bonus,
le noir car il porte beaucoup de vêtements noirs) et posée devant mon jeu des petits cochons, je regarde la couleur des pions à distribuer pour jouer, et en conclu que la couleur restante et réservée à maman (le vert). Mes
jeux s’orientent autour des couleurs et de l’association des membres de ma famille. Avec les jeux de société, les pions se répartissent toujours de la même façon, avec mon jeu des 7 familles de couleurs, je ne garde
que les cartes rouges, vertes, jaunes et bleues et les mets en tas séparés. Avec les perles, même histoire, je les sorts par couleur et les réserve pour chaque membre de ma famille. Je ressorts aussi mes jeux de bébé : cubes et
anneaux et le trie par couleur, ou bien empile le rouge sur le vert, indiquant que maman est en train de me porter…
Ah, voilà enfin les vacances et nous partons toute la famille pour faire du ski en France et
rejoindre des amis dans un grand chalet. Sur la route, je regarde les voitures passer et dès qu’il y en a une de rouge, je m’écrie : « une voiture rouge, c’est pour moi ! ». Le trajet se poursuit le soir et je
jubile en montrant toutes les voitures qui nous doublent, peut importe leur couleur, elles ont toutes des feux rouges à l’arrière: « rouge, pour moi !, là aussi, pour moi !… ». Au chalet, il y a Yoann qui a
mon âge et qui me prête ses jouets petits bonhommes. S’il veut les reprendre, il n’y a pas de problème, sauf pour le bonhomme rouge parce que c’est ma couleur et que je ne vois pas pourquoi il a le droit de
s’intéresser au rouge. Bon, puisqu’il insiste, après une dispute, je lui laisse quand même et vais voir les grands qui jouent aux cartes, il y a aussi des cartes rouges. Je retourne ensuite dans le coin de jeux
des enfants et caresse tout doucement les pieds des quatre adorables bébés. En milieu de semaine, nous faisons une ballade avec tous les amis. A l’aller, le petit chat rouge monte sur sa luge rouge et se fait tirer par
son papa, au retour, je me fais porter en partie par Christophe, mon parrain. Le reste de la semaine, je partage mon temps entre ski ou luge le matin, sieste l’après-midi et jouer le soir. Je suis de bonne humeur, tout
le monde sait que j’aime le rouge et que je suis un chat. Ce qui est le plus dur à faire accepter par contre, c’est que je suis une grande. J’ai beau agrémenter mes journées par de nombreux « moi aussi ! » dès
que ma sœur fait quelque chose, mais faire comprendre cette notion aux parents est particulièrement difficile. Après avoir beaucoup insisté en voyant partir ma sœur faire son cours de ski, j’ai quand même le droit de
faire un tour en télésiège avec papa. Je suis tout de même un peu déçue car il ne m’emmène pas ensuite sur le grand téléski où les « grands » continuent le cours.
De retour à la maison, mon combat continu : lors de
la sieste, il faut que je proteste pendant une heure pour que maman m’enlève la couche et me fasse dormir sur un matelas en dehors de ce petit lit à barreaux. Finalement, comme il faut que je dorme, elle cède et je
m’endors tout de suite. Bien sûr, je reste sèche, qui en aurait douté ? Le lendemain, je me presse de raconter mon succès à l’école et désormais, à l’école, je dors sans protection. A la maison, c’est
encore juste à la demande, c’est à dire, plutôt rarement.
Il n’y a pas de quoi s’ennuyer, voici déjà le dimanche des rameaux. Nous allons dans l’église à coté de mon école. C’est mon maître
qui joue de la guitare, et moi, je suis assise bien sagement dans la chorale des enfants de la maternelle pendant toute la messe. J’ai reçu un bouquet de rameaux et de branches avec des chatons alors je m’occupe en
écoutant les copains chanter à détacher chaque chaton de mon bouquet. A la fin de la messe, je suis très heureuse d’en faire un magnifique cadeau à maman, j’Adore faire des cadeaux et faire plaisir !. A la sortie,
il y a un marché de Pâques et papa m’achète un lapin en chocolat que j’aurai le droit d’ouvrir à Pâques. Je râle un peu, mais finalement j’accepte d’être patiente.
Cette approche de Pâques
me fait changer d’état. Je me sens une âme d’agneau et vais me déguiser en conséquence pour le reste du dimanche. Le soir, je prépare avec maman les habits que je mettrai à l’école le lendemain, évidemment,
j’exige que tout soit en laine blanche ! Je compte tous les jours qui me séparent de Pâques, bien sûr, pour savoir quand arriveront Pilyne, Milyne, Tatie Fleurine et Jean-Marie, mais peut-être que mon estomac attend
aussi ce moment… Enfin, arrive le soir où maman m’annonce en me couchant que le lendemain sera Pâques. Et je m’endors sur la réponse affirmative à ma question : « Je pourrai manger le chocolat ?
».
Effectivement, aujourd’hui, c’est Pâques. Sur la table du petit déjeuner, mon lapin en chocolat m’attend. Ensuite, quand nous sommes habillées, Anne-Amalia et moi allons cacher des carottes dans le
jardin pour le lapin qui va bientôt passer. A peine le temps de jouer un peu à la maison et de montrer toutes mes peluches lapins à Pilyne, Milyne, Tatie Fleurine et Jean-Marie que voici Opa et Oma qui arrivent et
Anne-Amalia qui découvre, en allant les accueillir, plein de chocolat dans le jardin. Ma sœur court dans tous les sens et ramène tous les chocolats, les grands discutent nous regardent ou prennent des photos, et moi, je
m’occupe des chocolats apportés en enlevant soigneusement le papier qui les entoure et en les enfilant les uns après les autres dans ma bouche. Bien sûr, je commence par les œufs rouges, puis je m’autorise ceux
d’autres couleurs. « J’aime bien le chocolat ! ». Il y a maintenant un énorme lapin en chocolat que j’aimerai bien goûter, mais les adultes ne veulent pas. J’ai beau supplier, faire les yeux doux, rien à
faire, je n’y aurais droit pas avant le dessert ! Nous passons donc à table et je fais honneur aux plats de maman, qui croyait que le chocolat me couperait l’appétit ? Zut, le grand week-end de Pâques se
termine et toute la famille s’en va. Ca m’a fait bien plaisir de les voir, et eux, ils se souviendront bien de 3 choses : je suis un agneau, j’aime le rouge, je suis une gourmande.
Bon, je vous laisse
car c’est le programme du soir qui commence : un livre puis dodo.
A la prochaine,
Claire-Estelle
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